Mourad Bouattou à El Watan : «Le défi est de lancer un véritable hub à l’export»

Mourad Bouattou
Publié le : 2016-06-13 à 10:00:00

Comment évaluez-vous le marché des boissons en Algérie ?

Votre question mérite une étude approfondie sur chaque composante de cette filière tant par sa diversification marquée, d’une part, par des acteurs nouveaux, surtout dans la sous-filière des eaux embouteillées qui arrivent au quotidien sur ce marché, que par ailleurs les marques existantes dans le segment des boissons gazeuses et des jus (cette appellation générique devant être différenciée selon la teneur en concentré de fruits.)
Si on se réfère au marché des eaux embouteillées, nous avons plus de 50 marques d’eau minérale et eaux de source qui sont commercialisées sur le marché algérien, on ne devrait pas être loin d’une soixantaine. La richesse de cette sous-filière trouve son origine dans les marques du terroir connues et enrichies par des nouveaux compétiteurs, en général, qui ont un positionnement régional.
Cette sous-filière est en constante progression. L’Algérie produit chaque année environ 1,5 milliard de litres d’eau minérale. Nous avons une marge de progression considérable, tant la consommation par habitant, même si elle évolue à grands pas de par l’évolution constante du mode de vie et d’une prise de conscience des Algériens sur les vertus et les bienfaits de l’eau minérale et des eaux de source.
Maintenant pour vous donner un éclairage chiffré, on peut imaginer qu’au plan de la consommation, alors qu’elle était de 16 l/an /hab, au début des années 2000 aujourd’hui on n’est pas loin de 37 l/an/hab, chiffre approximatif. Ce qu’il est important de souligner, c’est le GAP important qui nous sépare des pays du sud de la Méditerranée avec un environnement et un niveau de vie relativement similaires. Pour l’exemple, notons que la demande mondiale d’eau en bouteille ne cesse d’augmenter, non seulement parce qu’elle est à la portée des classes moyennes, mais surtout son prix est très abordable, en Algérie, ou le fardeau est accessible.
Mais surtout parce que l’eau embouteillée est considérée comme meilleure pour la santé sans aucun problème. Aussi ce critère devrait être pris en considération pour faire baisser la pression fiscale sur les eaux embouteillées, leur impact sur la santé de nos citoyens et de nos bébés est incommensurable. Il faut absolument revoir leur statut dans un cadre «Santé» et prendre en compte la faible valeur ajoutée de ce produit.
Le marché de l’eau minérale en Algérie est en constante progression (l’impact du faible prix du fardeau étant un facteur important). L’Algérie produit chaque année 1,5 milliard de litres. S’agissant des autres segments de marché, celui des boissons gazeuses, l’Algérie couvre 98% de ses besoins dans les boissons gazeuses, les jus comprenant les eaux fruitées, les nectars, les purs jus et aussi dans l’eau minérale.
Les chiffres sont éloquents quant à l’évolution de cette sous-filière, avec l’arrivée de nouvelles marques, l’innovation dans les nouveaux parfums, récemment mis sur le marché et surtout une tendance de plus en plus vers des produits santé, qui ne caractérisent pas seulement ce segment, mais aussi celui des jus. La tendance du marché mondial étant d’optimiser les processus et ramener la composante des produits de plus en plus naturels avec des proportions étudiées de taux de sucre. Nos instituts de recherche ont du pain sur la planche et il s’agit de valoriser les résultats de la recherche.

Quid de la qualité ?

Pour les eaux embouteillés, le garant essentiel de leur qualité réside dans l’examen rigoureux auquel est soumis ce produit, qui, pour avoir le «quitus» avant d’être commercialisé, subit un examen très pointu, selon des normes et un cahier des charges, auxquels sont assujettis, les minéraliers, tant sur le plan physico-chimique que celui des critères microbiologiques.
Aussi, il faut une éducation au sens large de nos consommateurs, pour faire taire un certain nombre d’associations qui font de la surenchère, que les eaux embouteillées, répondant aux normes d’une commission nationale du ministère de l’Hydraulique(décret 04-196 du 15/7/2004) et, composée de notre élite scientifique et de laboratoires étatiques, après un examen qui peut durer plus d’un an provient de forages souvent à plus de 150 mètre, sont parfois millénaires (traçabilité prouvée par l’IEN). Il faut savoir que Dame nature les a préservées dans des nappes, à l’abri de toute pollution et non comme ceux qui l’imaginent, par manque d’informations, coulant sur le flanc des montagnes ou des eaux superficielles. Les indicateurs de concentration limite figurant sur les étiquettes des bouteilles, sont là pour l’attester.

Qu’ en est-il de l’organisation de la filière ?

Actuellement, il y a le cluster dont le défi majeur est de construire un véritable hub de l’export. Cela donne de l’appétit si on veut développer nos exportations, là on vous parlera du challenge que le cluster de la filière boissons se donne en projetant un véritable hub export, accompagné, par une campagne internationale pour nos produits, et un support logistique avec les membres qui sont de grands players dans la suplychain.
C’est en nous regroupant, en renforçant le Networking, qu’on sera forts et compétitifs sur les marchés internationaux. Notre leitmotiv : mutualiser nos moyens et compétences et l’innovation intégrant la recherche le développement. Pour les industriels, c’est un autre challenge du cluster.
En posant les premiers jalons avec l’université de Béjaïa, l’Agence nationale de valorisation de la recherche, partenaires de notre groupement, le cluster construit un écosystème. Aujourd’hui, c’est par effet de synergie de cet écosystème et des grands groupes qui composent le cluster, dans une conjoncture favorable au développement hors hydrocarbures, et dans un environnement mondialisé et de nouveaux défis, que les pouvoirs publics, via le ministère de l’Industrie/DGPME, en relation avec l’Association des boissons, dont nous sommes issus, en tant que président de la sous-filière des eaux embouteillées, ont mis en place ce programme visant l’implémentation de cluster au cœur de filières transversales, à l’instar de la filière boisson.

Avec la saturation du marché, n’y a-t-il pas lieu de s’ouvrir à l’exportation ?

Tout ce qui est exposé en début de cet article milite pour cet d’esprit d’ouverture, non seulement parce qu’il y a l’arrivée de grands compétiteurs, sans parler de saturation du marché. La prise de conscience de nos producteurs pour externaliser leurs produits, est un élément fondamental que chaque entreprise doit prendre en considération, pour assurer sa survie, mais aussi pour se préparer à la compétition internationale.
Le démantèlement tarifaire, les espaces de libre-échange, sont autant d’éléments pour anticiper et se redéployer sur d’autres marchés. Notre outil de production national couvrant 98 % de notre marché, son redéploiement est plus que nécessaire, surtout dans cette conjoncture où le gouvernement met en place et encourage sans retenue une croissance tirée par une économie diversifiée. Les clusters constituent une locomotive de cette croissance.

Quel rôle pour le cluster pour mettre la filière aux normes en vigueur dans le monde ?

Notre rôle est de mettre notre filière et tout ce qui est structurant en son sein, pour se mettre, au diapason universel, je parle de la chaîne de valeurs non seulement la valorisation de l’amont agricole, pour l’intégration agro-industriel, en passant par les prestataires de services, pour une mutualisation des moyens et compétences. C’est dans cette vision que nous plaçons notre charte managériale, pour nous inscrire dans la modernité. Il faut retenir, pour l’exemple, que le premier cluster, qui a révolutionnée le monde du numérique est celui de Silicon Valley, qui est édifiant . On doit absolument créer cette nouvelle culture du partage et des réseaux pour décloisonner nos compétences et le véritable potentiel que notre filière recèle, en s’intégrant en amont et en aval de la chaîne de valeurs, pour créer la valeur ajoutée et la croissance économique.

Comment faire pour développer la connexion avec le monde agricole et diminuer l’importation des concentrés de fruits ?

La réponse à ces défis est bien soulignée dans les réponses à vos questions. La meilleure solution est le décloisonnement tous azimuts, en créant ces regroupements «intelligents», en jetant des passerelles, avec la communauté scientifique et en intégrant et en valorisant le potentiel agricole de l’Algérie.
Nous travaillons déjà avec des équipes universitaires et d’autres clusters, comme celui de la datte et de la sous-traitance, sur des programmes, comme celui de la valorisation de la figue de Barbarie (comme ingrédient dans l’industrie des boissons notamment) et le sucre de dattes issu de la valorisation des sous-produits. Il s’agit pour nous d’un véritable défi que créer ces réseaux d’innovation et d’intégration et de valorisation de l’amont agricole, autour des clusters. Nous estimons que le regroupement des industriels dans la filière au sein de notre GIE, est bénéfique à des partenariats pour créer de grands projets collaboratifs, en association et en accédant au foncier agricole. C’est plus q’une priorité.




Cluster Boisson Algérie


Le Groupement d'Intérêt Économique de la filière Boisson Algérie est le premier Cluster officiellement créé en Algérie.

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